Publié le 6 Juin 2012

COMMUNIQUE OFFICIEL DU FESTIVAL DU FILM

LES BAYONNALES DU GRAND PARIS, AU CREUX DU PRESTIGE

 

Le dimanche 3 juin 2012 devant le public du CASA Poblano à Montreuil,

Le jury des Bayonnales du Grand Paris, Au Creux du Prestige

composé de Anthony Cajan, Marco Das Neves, Jean Dusaussoy, Fatima-Ezzahra Benomar, Elisabeth Kvaalen, Elodie Lavoute, Anaïs Sartini et Jean Peyrelade

a décerné ses prix.

 

 

Le jury, monté sur scène, a décerné Le prix vert d’eau qui est une création en plastique de Baptiste Goulay  en forme de pistolet au film Look de David Pujol.

David Pujol, ému, a voulu faire plaisir à Laurent Jarrige, alors il lui a donné son prix.

Laurent jarrige, qui aurait préféré une autre couleur, mais qui a tout de même remercié chaleureusement le jury pour ce prix, l’a décerné à Baptiste Goulay pour son film Victor.

Baptiste Goulay l’a remis à Mathilde Nègre, qui l’a donné à Frédéric Couet, qui l’a décerné à Sullivan Coredo, qui était absent, mais qui avait laissé un mot, sur lequel était écrit que si quelqu'un lisait ce mot, c'est qu'il aurait gagné un prix pour l'un de ses films, mais dont il n'aurait pas été trop fier, alors il aurait préféré que le film de Thomas Lasbleiz Les pêchers de Montreuil soit distingué. Thomas Lasbleiz a trouvé que Dorian Daill méritait mieux ce prix, et il le lui a remis, pour n'avoir fait aucun film.

 

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David Pujol, Laurent Jarrige et Frédéric Couet trouvent le mot de Sullivan Coredo

 

Dorian Daill, influencé par Thomas Lasbleiz, l’a refilé à Lenio Jarrige Ferreira, ce qui a fait taire tout le monde. On venait d’entrer dans l’histoire, avec le plus jeune nominé de l’histoire des Bayonnales, quand, à la surprise de tous, on a entendu une voix qui venait du bébé, une voix un peu rauque, parce que c’étaient ses premiers mots, et cette voix a décerné le prix vert d’eau à Natacha Bitton, qui a embrassé le jury et l’a remercié.

  lenio décerne le prix saumon copy

Lenio Jarrige Ferreira décerne le prix vert d'eau à Natacha Bitton (avoc Elodie Lavoute et Thomas Lasbleiz)

 

 

Le jury a décerné Le prix saumon qui est une création en plastique de Baptiste Goulay en forme de pistolet à Big shot de Maurice Huvelin, qui n’était pas là et qui n’avait pas laissé de mot.

 

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  Le prix saumon, une création en plastique de Baptiste Goulay en forme de pistolet

Le jury a décerné Le prix du prolétariat révolutionnaire qui est une création en plastique de Baptiste Goulay en forme de pistolet au film La signature de Robin Bauzou, qui n’était pas là, et n’a rien pu dire.

 

  Le jury a décerné Le prix du doute qui est une création en plastique de Baptiste Goulay  en forme de pistolet à Thomas Lasbleiz pour son film Les pêchers de Montreuil.

Thomas Lasbleiz a préféré donner le prix du doute au jury, mais celui-ci l’a rendu à Thomas Lasbleiz, qui est allé rejoindre Laurent Jarrige pour le partager, et Laurent a dit qu’il était content parce que c’était ce prix-là qu’il voulait.

 

 

Le jury a brandi Le prix orange foncé qui est une création en plastique de Baptiste Goulay  en forme de pistolet devant le public, puis il a dit qu’il avait décidé de ne pas le donner, parce que la couleur était vraiment trop laide, il a levé plusieurs bras agressifs, il a dit « Yo », et le public a aimé ça.

 

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Le jury refuse de décerner le prix orange foncé

 

Le jury a prononcé le nom du prix du creux du prestige d'or qui est une création en plastique de Baptiste Goulay en forme de mitraillette, afin d'impressionner le public. Le public impressionné a dit "ouh". 

 

Le jury a annoncé que deux prix du creux du prestige d’or allaient être décernés.

Thomas Lasbleiz et Laurent Jarrige sont montés sur scène pour aller le chercher mais aucun des prestiges d'or ne leur était destiné ; ils ont tenté de les dérober mais le jury ne s'est pas laissé faire.

Le jury a distingué le film Mauvais coton de Sébastien Zaccoletti, qui n’était pas là.

Le jury a distingué le film Myrrha de Mathilde Nègre, qui était là, qui était gênée, et qui a donné le prix à Dorian Daill pour qu’il soit gêné à son tour, et pour le remercier d’avoir financé l’ensemble des films de Bayonne Arrive et d’avoir invité l’équipe des Bayonnales au restaurant, et le public n’a pas su si c’était vrai.

 

 

David Pujol est monté sur scène pour annoncer Le prix du public, public qui a distingué ex-aequo les films Koan de Souliman Schelfout, Mauvais coton de Sébastien Zaccoletti, et Look de David Pujol. En l’absence des deux autres réalisateurs, David Pujol a pu emporter le prix du public chez lui, qui est une création en plastique de Baptiste Goulay en forme de pistolet, afin d’en jouir.

 

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David Pujol ordonne au public d’aller boire le punch

 

Le public a applaudi, les organisateurs du festival ont dansé la chenille, puis ils ont eu honte, puis ils ont bu du punch, dans le punch il y avait des grumeaux blancs de lait de coco, qui, mélangés à la joie, laissaient une impression originale.

 

 

L'équipe des Bayonnales du Grand Paris, Au Creux du Prestige,

Festival du Film organisé par le collectif Bayonne Arrive

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 16 Avril 2012

 

C’était le 26 octobre 2011, à 20h00, sur TF1.

 

« Parfois on se promène dans les rues, en regardant chaque homme dans le pantalon, pour essayer de deviner comment est sa bite. »

 

Il y a des moments de télévision dont on ne peut comprendre l’importance sans s’attacher au  contexte, ainsi nous échapperait, par exemple, le succès de Bienvenue chez les Ch’tis.

 

LE CONTEXTE

 

Tout allait mal, et de plus en plus mal.

Les femmes se haïssaient les unes les autres, leur compétition n’avait besoin ni de témoin ni d’objet. Fascinées par les prostituées et par les actrices, elles étaient les victimes de pensées réactionnaires qui trouent l’estomac et fabriquent des bébés bizarres.

 

Quand surgit l’Analyse comme Evidence.

Cela se passait dans un café du 19ème arrondissement de Paris,

Ce afin de rappeler au public les méfaits d’un siècle bourgeois catholique capitaliste, inventeur de l’Immaculée Conception, qui sépara une deuxième fois la sexualité de l’enfantement.

C’est alors qu’on entendit Mike Brant.

Une main saisit un stylo, et écrivit ces quelques phrases :

 

1/ C’est le désir qui délivrera la femme d’elle-même.

    Tant il est vrai qu’elle est son propre esclave.

 

2 / Avant qu’elle s’affranchisse,

     Etre désirée l’emprisonne d’avantage.

 

(Imagine toi un instant le risque que prend l’actrice nue !!!!)

 

Car le désir des hommes est un essaim de mouches qui se pose sur ses yeux et la rend aveugle à son propre désir, 

Car le désir des hommes est une sirène séduisante qui la rend sourde à son propre sexe.

 

Il la laissera sans connaissance, sans amour, emplie de glue et de hargne,

Obsédée par elle-même, par ses attraits futiles, et méchante,

Si elle ne sait fermer ses yeux, boucher ses oreilles,

Et suivre le chemin d’amour chanté par Mike Brant sur Radio Nostalgie :

« Que tu es belle ô mon amour, lorsque le désir t’a délivrée »

 

 

*            *            *

 

Le Chat Du Jardin D'Alice Modif Pour BayonneArriveHD DSC854

 

Tais-toi, dis-je.

Tais-toi, dis-je à celui qui fait crier sa bite.

Ma chatte est timide, elle n’a pas l’habitude de parler. Elle a besoin de silence et d’attention.

 

La bite est puissante, entraînée, elle couvre facilement les murmures.

 

Donc il faut que la chatte prenne courage, chante fort quitte à chanter faux, trouve cette voix redoutable et perçante, celle des guerrières de l’amour vrai, qui savent détruire autant qu’aimer comme le peuvent tous les êtres accomplis.

 

DANS CE CONTEXTE

C’était le 20h00 de TF1, on voyait Laurence Ferrari, qui est une tache rose saumon avec des cheveux.

 

A ce moment

Vinrent les trente rugbymen, moitié nus, très beaux et musclés,

Les femmes se mirent à glousser,

Leurs yeux brillaient,

S’échappaient d’elles des striures de lumière basique,

Elle sautaient.

 

A ce moment

Tous les hommes qui n’étaient pas des rugbymen sont devenus gris,

Petits et leur dos s’est courbé,

Tout à coup ils ont eu honte de leurs corps,

Ils étaient malheureux c’était triste.

 

C’était un grand moment de télévision.

 

Les femmes qui ont tant souffert à cause des magazines féminins

Ont regardé leurs hommes tristes, elles avaient envie de faire l’amour.

Elles les ont pris en pitié.

 

Elles ont dit :

Ce qui compte c’est pas la beauté de ton corps c’est la beauté de l’esprit qui l’habite.

Ce qui compte c’est pas la taille de ton sexe c’est comment tu t’en sers.

Ce qui n’a pas réconforté les hommes car ils connaissent l’état d’avancement des consciences, et le stade où nous existons.

 

Moi je ne les plains pas, il faut qu’ils apprennent la difficulté de vivre avec un miroir grossissant dans le sac à main.

Leur tristesse n’est pas trop chère si nous pouvons nous comprendre.

 

Les femmes, elles, qui s’étaient tues, avaient des bites visibles dans les yeux,

Qu’elles ont commencées à dessiner,

Qu’elles ont commencées à chanter,

Et elles se touchaient les seins.

 

Elles étaient complètement obsédées sexuelles.

 

C’est le début, il y a beaucoup d’étapes à traverser, ensuite on pourra discuter d’autre chose.

Le sexe cousu fermé l’esprit n’a aucune idée qui vaille.

Ensuite on pourra s’aimer en camarades les unes les autres, ça va être bien,

On pourra arrêter de se mater comme des folles à moins qu’on soit vraiment lesbiennes.

 

 

Mathilde Nègre, 21 janvier 2012

Photo Le Chat du Jardin d'Alice par Jean-Michel Jarillot

pour la revue N°4 du collectif Bayonne Arrive

Mourir à l'Oeil

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 2 Février 2012

 

 

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Nous sommes heureux d’annoncer la première édition du Festival de cinéma de l’association Bayonne Arrive, qui aura lieu au printemps 2012.

 

Si nous créons ce festival, c’est pour sélectionner nos films et ceux de nos copains, et se concéder des prix après faible débat, condescendance, petits sourires, ainsi enfin nourrir nos CV d’une ligne auto-suceuse, à petites étoiles. Oui, nous avons des faiblesses égotiques cachées dans nos caleçons et strings panthère, ce qui nous vaut des montées alcooliques, des tentatives de travail en intérim, des écoutes suicidaires de petits cons à carte de producteur. Nous avons déjà beaucoup souffert quand nous ne sommes pas si vieux, ce qui laisse présager.

Il est temps de s’offrir des massages et de taper sur les jeunes.

 

Si nous créons ce festival, c’est par esprit prévoyant et sage, par souci d’investissement sur l’avenir, lançant telle une poudre traînée un appel à films. Les pétards du 14 juillet sont terrifiants jusqu’au jour où on les jette soi-même, soudain la sensation opère un revirement, mieux qu’une cocaïne triple, l’adrénaline de guerre avec réminiscences. Aahahahah ! Ca c’est de l’événement, ça donne envie de baiser !

 

 

Or un festival est d’abord un cocktail de clôture,

mis en place par ce qui lui précède. 

 

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Je vous parlerai donc de cette soirée dernière du festival, qui justifie tous les efforts, tournages compris, et cela afin d’éveiller les désirs participatifs du lecteur cinéaste.

           

            5 jurys consultatifs seront constitués :

1 / Des assassins de prison, 2 / des enfants d’école, 3 / des retraités de maison, 4 / des salariés d’entreprise, 5 / des basques de France (le jury suprême)

 

Les prix seront remis par des personnalités du monde politique qui bénéficieront, dans ce lapse d’oreilles tendues, de cœurs battants, de vessies tractées, d’un espace de propagande merveilleux.

Bien sûr, les membres de Bayonne Arrive auront tout loisir de monter sur scène pour parler de leurs opinions morales, religieuses, de leur goût culinaire, etc.

 

Lorsqu’avant le sommeil nous sommes là, étendus sur nos moiteurs estivales, nous imaginons ces regards convergents, posés sur notre bouche physique, quelle jouissure, ce public étalé avec ses yeux ses visages gênés ses pelotes au ventre. Ca pique le corps entier.

 

A l’ouverture des petites enveloppes on rigolera franchement, on fera durer le temps, on invitera un syndicaliste à prendre la parole sur une grève dans une entreprise toulousaine, on organisera un débat sur la politique du maquillage dans le cinéma français contemporain, Thomas Lasbleiz racontera des blagues, enfin on donnera un concert d’électro minimaliste expérimentale improvisée militante.

 

Pendant toute la cérémonie qui sera excessivement longue (17h00 à 21h00), des serveurs traverseront sans s’arrêter la salle avec des plats de saucisson et de fromage, on se dit au début pas terrible le buffet, et puis leur vision distille dans l’ennui de la cérémonie des sensations torturantes.

C’est le moment pour aller aux toilettes, mais on reste là parce que personne ne nous dit où sont les toilettes et il faudrait pas manquer la remise de prix, c’est comme ça, plus on attend plus on se trouve obligé d’attendre, dans l’espoir que l’attente prenne un sens rétrospectif, pourtant l’ennui comme chaque sentiment véritable occupe lorsqu’il se manifeste le temps entier, l’infini.

 

A ce moment précis le silence se fait, et dans le noir comme on mitraillerait sont projetées des images subliminales de saucisson et ce texte : « Donnez nous de l’argent, financez nos films, taisez vous ». C’est un véritable attentat des esprits manipulés.

Puis « Bayonne Arrive » apparaît en rouge sur noir ce qui fait intimidant, avec des bruits de truies agressives qui ont faim et qui ont des petits. 

 

Ceci étant projeté, tout le monde se tient bien.

Laurent Jarrige monte sur scène et regarde le public, il dit :

« Moi je suis basque ».

 

On se souvient des vacances à Dax sans foulard rouge, des hordes de jeunes agressifs avec leurs gros visages et leurs gadgets pour distribuer l’alcool de force dans les rues pleines de pisse de vomi et de caca à la charcuterie de porc.

            C’est un cauchemar terrible surtout pour les musulmans, les juifs, les végétariens, les sans alcools qui sont immédiatement repérés, harcelés, on insère des tuyaux de casquette à alcool dans leur bouche, des gros garçons les serrent dans leurs bras de faux frère, une main au cul et des propositions de saucisse, pendant que le rhum atroce s’insinue dans la gorge, les basques crient ouaih !!!! une horde vomissante disparaît qui rencontre une autre horde, qui crie OUAIH !!! en vomissant, en brandissant des casquettes à whisky coca.

 

            Le public a oublié la torture de son estomac affamé.

 

            Laurent Jarrige répète :

« Moi je suis basque, je viens de Bayonne, je suis arrivé ici. »

 

La salle est silencieuse, les gens ont peur.

 

Laurent Jarrige brandit l’enveloppe rouge contenant le nom du premier prix, élu par le jury constitué de Basques arrivés à Paris, c’est un jury régionaliste, ils font un discours en basque, Laurent Jarrige le traduit en langage des signes, tout le monde comprend, à cause du cinéma, qui est un art visuel.

Le jury explique qu’il a vraiment été touché par le documentaire de David Pujol sur la saucisse de porc au foie gras d’Angoulême – SOUDAIN LE PUBLIC SE SOUVIENT QU’IL A FAIM - mais qu’il a préféré distinguer un film moins séduisant de prime abord mais extrêmement sensible, ouvert sur l’international, avec un intérêt pédagogique pour nos écoles, on peut tout à fait imaginer le projeter aux enfants, c’est vraiment intéressant ça ah oui, ça concerne tout le monde hein, et puis cette qualité de l’image, c’est vraiment bien filmé, hein, un film sur le micro-crédit des banques au Bangladesh, comme quoi on peut être chef d’entreprise et être un vrai humain quoi, ça donne de l’espoir pour la terre.

 

            Le directeur de la communication de l’agence Paris 20ème de la BNP Paribas monte sur scène pour recevoir le prix, Laurent Jarrige lui tend un trophée en forme de jambon, le dir de com de la BNP est tout luisant s’avançant, au dernier moment Laurent Jarrige retire le jambon des mains du dir de com et le jette à la salle affamée.

            Pendant ce temps David Pujol, qui a fait venir d’Angoulême toute sa famille pour faire la promotion de son film distribue des rondelles de saucisse de porc au foie gras.

Le jury des basques, aligné sur scène avec le dir de com de la BNP qui ne sait pas comment sourire mais qui reste sur l’estrade à cause des photographes qui mitraillent, regarde le public faire mouvement vers la distribution de saucisse. De la salle monte une rumeur de grognements, de trépignements, de sucions, d’écrasements, d’essuyages de doigts sur les sièges, de coups de coudes, de crachages des petits morceaux de tendons qu’il y a dans les saucisses et qu’on n’a pas envie d’avaler.

 

S’inspirant pour le magnifier du bruit d’ambiance, Laurent Jarrige commence une improvisation vocale, pendant qu’est diffusée sur l’écran une image de sandwich kebab sauce samouraï.

Devant l’image géante et tapageuse du kebab, le jury des basques panique, le plus vieux sort de sa poche un morceau de chorizo leader price. Le public aboie.

 

Pendant que les Pujols prennent l’estrade d’assaut, le dir de com de la BNP tente une éclipse discrète, se demandant comment il doit sourire, et tombe sur un étudiant en commerce de la Fémis qui lui propose de financer un film engagé sur un rocker bisexuel dans les quartiers chauds de Montmartre, le dir de com de la BNP se demande comment sourire, trop tard l’étudiant lui présente l’actrice qu’il baise parce qu’elle ressemble à Amélie Poulain en plus chaudasse, elle lui met la main dans le slip en susurrant des marques de pâté de foie, le dir de com oublie tout à coup qu’il doit sourire, clac, l’étudiant prend la photo, ricane et disparaît dans la foule en espérant récupérer une rondelle de saucisse de porc.

 

Les Pujols sur la scène font la nique aux vieux basques avec de grands couteaux, tout ce rouge rappelle la feria, les taureaux, Picasso, la guerre d’Espagne, la lâcheté, on n’a plus trop envie d’en parler on aimerait le buffet qui s’ouvre sur des empilades de pots de rillettes, de knackis chaudes, de tranches de poulet reconstitué halal, de chips parfum bolognaise, sur des montagnes de cubis de rosé, de mousseux allemand et de chocolat aux corn flakes.

 

 

Alors, dans un grand moment de cinéma, dominant l’orgie générale des charcuteries, on prononce le discours de réconciliation,

« Tout était faux, ces basques n’étaient pas basques. » 

Lorsque, soulagé d’une culpabilité de lendemain, le public s’entrebaise, vautré dans les mayonnaises intestines, nous nous regardons avec cette certitude, que tout est bien.

 

 

Mathilde Nègre

Paris, le 17 juillet 2011

Pour la revue N°3 de l’association Bayonne Arrive

Ah c'est bite moulante

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 2 Février 2012

I Les projecteurs sur lyres asservies dans les studios de télévision

 

16 Alpha Wash 1200

13 Alpha Spot HPE

8 Vari Lite 2000

26 VariLED

14 Studiocolor 575

 

Les projecteurs automatiques

sur lyres asservies

montés sur porteuses mécaniques,

par câbles DMX sont reliés à la console,

une GrandMA 2048 Full size.

 

A l’allumage du système on entend

Les lampes claquent et vibrent et soufflent,

50 au plafond panotent à 540°,

50 au plafond tiltent à 260°,

Quand les corps longs des découpes

Tournent leurs 8 bagues crantées.

 

La relation du technicien à la machine est belle et juste,

Son plaisir profond.

 

L’électricien éclairagiste

Qui la porte et l’accroche avec son dos, qui tire les câbles et l’alimente.

Le pupitreur

Qui programme les mouvements, qui programme les couleurs.

Le directeur de la photographie

Qui est une star, qui a des jeans et des chaussures très chères.

                              

 

A la télévision on fait la lumière sur un siège, sur un marquage au sol, sur un stagiaire.

 

A cet endroit se placent indifféremment :

Claire Chazal, Christine Lagarde, Jack Lang, Sandrine Quettier, Jean Pierre Pernod, Sarkozy, Royal, Strauss Kahn, Bouygues, Pompidou, De Gaulle, Pétain, Hitler, Napoléon, Louis XIV, Charlemagne, Ramsès 2.

 

Souvent je pense au projecteur Alpha Wash 1200, et à Leni Riefenstahl.

A la national portraits Galery à Londres, aux visages de tous les salauds, de tous les puissants d’une histoire écrite, par et pour eux,

M’étonnant qu’on chuchote devant les tableaux.

 

Souvent je pense au projecteur Alpha Wash 1200, à Leni Riefenstahl,

Et à l’hypocrisie.

 

II Les mandarines dans le cinéma autoproduit

 

Puis on tourne un film autoproduit c’est-à-dire bénévole c’est-à-dire avec deux mandarines.

 

Et c’est comme d’aller travailler son champ à la binette après avoir connu un tracteur John Deer.

Sur les tournages autoproduits il n’y a plus de pause syndicale

Il n’y a plus d’heure supplémentaire

Il n’y a plus de consigne de sécurité.

 

J’ai dit souvent, tels ces agriculteurs bio de Bretagne ou d’Arriège revenus à la terre, fiers de survivre,

J’ai dit souvent que nos films libres étaient révolutionnaires.

 

En vérité je ne peux pas ignorer l’existence des tracteurs qu’utilise Monsanto, et l’intelligence de leurs mouvements.

 

Nous nous sommes posés une fausse question.

Il ne s’agit pas de se déterminer en faveur des semences libres contre la technique industrielle.

 

La pauvreté n’est ni naturelle ni enviable, elle rend les hommes méchants.

 

A regarder les montagnes, les ciels,

Les arbres au moment des fruits,

Nous est donné le sentiment de l’abondance,

Celui là-même qui nous arrive dans un studio de TF1.

 

 

Nous avons filmé nos cuisines, nos éviers, nos poubelles.

 

Mais le cinéma appelle aussi l’amplitude des ciels et des foules,

Et ce n’est pas fasciste.

Nous avons droit aux milliers de figurants pour raconter l’histoire humaine,

Aux meilleures machines, à tout l’argent.

 

Nous ne voulons pas 2 mandarines, nous voulons tous les projecteurs en plus du soleil.

Nous ne voulons pas brûler TF1. Nous voulons brûler Martin Bouygues qui est une sorcière, et Hitler, et de Gaulle, et Napoléon.

 

C’est assez de raconter les histoires des rois et des patrons, de chuchoter au musée devant leurs visages mystifiés.

 

Nous voulons raconter nos histoires et celles de nos frères.

Ce faisant déployer tout l’art, toutes les connaissances, et travailler bien.

 

 

Mathilde Nègre

En introduction à la projection du Cinémaginaire d’Eloïse Callewaert

Paris 1er juillet 2011

publié dans Ah c'est bite moulante

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 2 Février 2012

 

La sensation de te pénétrer, je la connaissais d’avant.

 

Ce que jamais encore je n’avais senti, la jointure courbe du sexe au bas-ventre ;

cela qui nous séparait, je le porte aujourd’hui au poignet, renversé et définitif.

 

La caméra s’est levée.

Entre toutes les choses du monde, on a zoomé dans un trou, et c’était bien.

 

Nous nous sommes élancées, augmentées l’une par l’autre,

Hermaphrodites enfin,

Portant tuyau.

 

Ceux qui ont dessiné un œil à l’objectif avaient de sales fantasmes.

 

Si j’ai vu les jeunes filles dans les transports publics,

La caméra DV brandie à l’air,

Riantes, indolentes et cambrées,

 

Si j’ai vu les pigistes quadragénaires cuir,

Courbés, concentrés, le visage disparu,

Tout muscle focalisé dans le petit trou,

 

C’est que la caméra est un sexe double.

 

 

Comme je suis heureuse d’être née quand je suis née !

Comme ma main se plaît à toucher l’outil !

Je veux vivre l’invite perforante, le creuset pointu,

Et englober le monde de ce jaillissement !

 

Arbres, visages, grues, tronçonneuses et poneys,

Le tunnel par qui tout passe centrifuge recompose et compresse.

Un film est d’abord une saucisse de réel, à moins d’en être l’étron.

 

 

Enfin récréées, nous nous enfonçons, approfondies l’une par l’autre,

Les sexes annulés,

Immobiles.

 

Machines, constructions des esprits et des corps !

Vous me découvrez !

 

 

Mathilde Nègre

Pour le N°2 de la Revue de Bayonne Arrive

  Dilapider Sans Doutes

Berlin, janvier 2011

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 2 Février 2012

Ô monde vivant ! Ô humanité !

Les Hommes sont là dans la rue, dans les immeubles, les cafés, les entreprises, on peut les voir vivre tels qu’ils sont complexes, tourmentés et gracieux, d’une beauté d’usine, de RER, à les regarder ça fait pleurer à cause de l’amour, de la souffrance, du travail, de la maladie, de la noblesse, de la télévision, des violences portées, des odeur d’arbres et d’essence, de la moquette imprimée et des enfants des autres.

 

Ce qui chez l’Homme surprend de manière répétitive, c’est comme cela dépasse, comme cela échappe et résiste à l’analyse, comme cela invente et se crée soit même.

 

Je n’attends pas autre chose d’un film.

C’est-à-dire qu’il m’aide à voir la Vie,

Lorsque je peine à l’inventer,

Lorsque je suis curieuse,

 

Comme on voyage dans l’étrangeté et qu’on s’y rencontre.

 

            L’académisme, le politiquement correct, le conformisme, le CNC,

participent de l’arrachage de tout ce qui dépasse du cinéma, de tout ce qui touche à la Vie, à l’Homme, pour fonder le Petit Cinéma Médiocre et Stérilisé, dont l’industrie française s’est faite la spécialiste.

 

Il y a une grande complaisance, de la part des réalisateurs, de la part des critiques et des enseignants de cinéma,

Alors que nous sommes face à une SITUATION D’OCCUPATION de l’espace et du temps par des films médiocres, et cela est extrêmement grave, car exposer systématiquement la médiocrité à la place de l’intelligence, du courage, de la fragilité, de toutes les qualités possibles, c’est commettre un acte de censure permanent, c’est éradiquer l’inventivité du cinéma, c’est l’éradiquer lui-même.

REDUIRE LE CINEMA, C’EST REDUIRE LA RICHESSE DE L’HUMANITE

S’il reste des niches écologiques, quelques endroits de cinéma en survie, c’est pauvre, comme une promenade au printemps dans les champs orangés de round up en comptant les mouches.

 

Heureusement que les Hommes vivent en dehors, sans cela par le cinéma on croirait le monde mort, mais c’est faux, ce n’est pas le monde, c’est seulement le monde du cinéma, et ça rend pas triste, parce qu’il est tout dégueulasse et tout pollué.

 

Qu’il crève le cinéma des vieux croûtons qui conseillent d’aller coucher comme un chien sur le paillasson du producteur pour décrocher un stage ! Le cinéma des 3ème assistants, des 2ème assistants, des 1er assistants, du 1er film à 40 ans, restent les opportunistes, les fils-de et les suceurs ! Qu’il crève le cinéma des mecs, des puissants, des autoritaires, le cinéma du poignet et de la bite ! Le cinéma de la fascination, des hiérarchies pyramidales, des écoles d’élite, des stagiaires pas payés, de la pub et du fric, de l’écrasement et de la manipulation !

Il a fait son temps, il va avec cette vieille société, avec le capitalisme qui est moche, qui tousse, et qui n’a plus d’inspiration.

 

            Qu’il disparaisse le cinéma capitaliste !

Nous travaillons déjà au Cinéma du Monde Libre !

           

Chaque jour des films sont fabriqués au sein de collectifs, d’associations, avec des budgets ridicules permis par le matériel numérique et par l’investissement de techniciens et d’acteurs. Des films courts, des clips, et aussi des films longs, qui échappent au processus de censure de la production « aidée » par le CNC et par les TVs, des films réellement indépendants, qui sont des explorations sauvages, des réussites partielles, des films radicalement engagés par leur existence même, et parce qu’ils invitent tous les Hommes à s’approprier le cinéma : les femmes, les noirs, les jeunes, les timides, les pauvres, les salariés, les solitaires, le peuple tout entier.

 

FAIRE DES FILMS LIBRES EST UN ACTE REVOLUTIONNAIRE.

 

C’est un travail difficile, parce que ces films sont fabriqués sans ressources économiques, qu’ils sont condamnés à une existence extrêmement marginale, et donc à une absence de reconnaissance, tant financière que sociale.

Mais le monde de demain se construit aujourd’hui, par ses désirs, et par ses désirs de cinéma. Alors il s’agit de les vivre, et d’en explorer les formes. 

 

Nous pouvons être fiers de produire les films telle qu’ils nous viennent, dans leur violence, leur absurdité, leur tendresse abrupte, et qu’importent les défauts techniques ou d’écriture, pourvu que l’essentiel, la vie, ne soit pas coupée.

 

 

 

Mathilde Nègre

Paris, samedi 27 novembre 2010

Pour L'Argent Pleure Ta Mère

N°1 de la revue de Bayonne Arrive 

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 14 Avril 2011

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Réalisatrice

Musicienne

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 14 Avril 2011

Que meurent les morts et que ceux qui existent vivent !
Le deuil se porte en lumière.

La muse accouplée au monde accouche à répétition d’une réalité approfondie
Dans chaque dimension et matière
Cela crie l’orgasme douloureux du vivant,
Cela proclame le tumultueux mélange,
Tout le grand jeu.

Qu’ils errent les morts !
Qu’ils cherchent aux abords des obscurités des petits chiens à castrer.
Les paillassons resteront vides,
Les pyramides s’effondreront.

Au ciel violent s’impose
La large cheminée d’une centrale nucléaire.
Les grues somnolent au dessus des collines de containers ;
Le vent caresse leurs quatre cheveux balancés.

Nous savons lire dans le ventre ouvert des cargos
Qu’ils meurent !
Notre antiquité sera colossale, et nous filmerons.

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Rédigé par Mathilde Nègre

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Publié le 14 Avril 2011

A cette époque je ne marchais plus,
De peur de tuer les petits animaux et plantes

Dessinant des intuitions d’architecture pour qu’habite l’être inconnu,
Je fis place à la Désinvolture, exigeante et terrible.

De sous l’exigu, elle montrait grimaces, fantasques, œilletons ;
Je m’y penchais.

Le long des lignes de force

L’haleine de son ventre exhibée en plein visage,
Le sexe rouge collé sur la bouche,
Elle caresse les yeux de ses ongles experts.

Comment mesurer la liberté que fait naître sa répugnance ?

Ca monte, ça monte,
Selon les lois naturelles qui prennent les immeubles en terre.

Les oiseaux sont des chiens, les chiens sont des hommes et ils volent.
Nous pouvons être heureux.

 

 

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Rédigé par Mathilde Nègre

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